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  • La plus belle des créations de l’Homme

    La plus belle des créations de l’Homme

    Tant de choses ont été dites ou écrites à propos de cet acte barbare innommable – encore un ! – qui a frappé aveuglément un grand de la littérature, Salman Rushdie. Nul besoin de revenir sur les circonstances de cette agression horrible. Ni sur les multiples analyses qui en ont découlé. Le dégoût en est à son comble.

    Notre intention est de vous faire découvrir ces magnifiques mots d’une réalisatrice d’origine iranienne : Abnousse Shalmani. Mais d’abord, une petite présentation s’impose.

    Abnousse Shalmani en 2018 (Wikipedia) CC BY 3.0

    « Née à Téhéran en 1977, Abnousse Shalmani s’exile à Paris avec sa famille en 1985. Après des études d’histoire, elle emprunte la voie du journalisme puis de la production et de la réalisation de courts-métrages avant de revenir à sa première passion, la littérature ». (Radio France)

    « En 2014, elle publie, sous le titre « Khomeyni, Sade et Moi », un livre où elle évoque sa petite enfance sous la férule des femmes-corbeaux (les gardiennes de la morale, toutes de noir vêtues), du chef en noir et blanc (surnom qu’elle donne à Khomeini) et dit sa colère lorsqu’elle découvre en France des femmes enfoulardées, portant le voile islamique contre lequel elle luttait dans son pays qu’elle a dû fuir ». (Wikipedia)

    Revenons à présent à ce qui nous préoccupe ; la réalisatrice Abnousse Shalmani a écrit ces lignes, alors que Salman Rushdie venait d’être poignardé :

    « À l’heure où j’écris ces lignes, Salman Rushdie, a été poignardé au cou, sur scène, alors qu’il s’apprêtait à tenir une conférence LITTÉRAIRE. L’aveuglement et la surdité intellectuelle vis-à-vis de l’islamisme s’étant répandus, j’use, comme les petits fascistes des réseaux sociaux, de majuscules pour bien me faire comprendre. Pour annoncer ce qui est déjà une tragédie, la majorité des journaux ont tenu a rappeler doctement que le plus grand écrivain du réalisme magique avec Gabriel Garcia Marquez était sous le coup d’une fatwa depuis 1989, édictée par l’ayatollah Khomeiny, en précisant que c’était à cause du blasphème qu’il avait commis avec le chef d’oeuvre intitulé « Les Versets Sataniques » (qualifié d’ouvrage « controversé » dans une dépêche AFP).
    Alors que Salman Rushdie est encore entre la vie et la mort, on prépare déjà le terrain aux excuses islamistes, en faisant sonner la petite musique devenue si familière : il l’a quand même un peu cherchée à la pointe d’une plume, cette condamnation à mort. (…)
    Ce qu’a accompli Salman Rushdie avec « Les Versets Sataniques », est un retour aux sources de la tradition islamique, que les islamistes s’évertuent à détruire depuis le XIe siècle. (…)
    « La disparition progressive de la tradition islamique de l’ijtihad ou d’interprétation personnelle a été un des désastres culturels majeurs de notre époque, qui a entraîné la disparition de toute pensée critique et de toute confrontation individuelle avec les questions posées par le monde contemporain », nous apprend Edward W. Saïd dans sa préface de « L’Orientalisme ». Ce que Rushdie a transgressé, c’est cet interdit : la fin de l’interprétation personnelle. (…)
    La transgression de Rushdie l’écrivain est en fait un retour à la loi originelle, un acte d’amour et un gage d’avenir.

    C’est avec une émotion qui me serre la gorge, que je lève mon verre alcoolisé en guise de soutien, en espérant que Salman Rushdie échappe à la mort qui est soudain apparue sur scène alors qu’il s’apprêtait à grandir un peu plus les Hommes avec la plus belle de ses créations : la LITTÉRATURE. »

    Chère Abnousse Shalmani, merci.

    Bibliographie de Salman Rushdie

    ROMANS

    • « Grimus », J.C. Lattès, 1977 (en) « Grimus », 1975, science-fiction
    • « Les Enfants de Minuit » (en) « Midnight’s Children », 1981, Prix Booker
    • « La Honte » (en) « Shame », 1983
    • « Les Versets Sataniques » (en) « The Satanic Verses », 1988
    • « Le Dernier Soupir du Maure » (en) « The Moor’s Last Sigh », 1995
    • « La Terre Sous Ses Pieds », Plon, 1999 (en) « The Ground Beneath Her Feet », 1999
    • « Furie » (en) « Fury », 2001
    • « Shalimar le Clown » (en) « Shalimar the Clown », 2005
    • « L’Enchanteresse de Florence », Plon (en) « The Enchantress of Florence », 2008
    • « Deux Ans, Huit Mois et Vingt-Huit Nuits », Actes Sud, 2016 (en) « Two Years Eight Months and Twenty-Eight Nights », 2015
    • « La Maison Golden », Actes Sud, 2018 (en) « The Golden House », Random House, 2017
    • « Quichotte », Actes Sud, 2020 (en) « Quichotte », Random House, 2019, trad. Gérard Meudal
    Essais
    • « Le Sourire du Jaguar » (en) « The Jaguar Smile : A Nicaraguan Journey », 1987
    • « Patries Imaginaires » (en) « Imaginary Homelands : Essays and Criticism », 1981-1991, 1992
    • « Franchissez la Ligne » (en) « Step Across This Line : Collected Nonfiction » 1992-2002, 2002)
    Littérature d’enfance et de jeunesse
    • « Haroun et la Mer des Histoires » (en) Haroun and the Sea of Stories, 1991
    • « Lukas et le Feu de la Vie », Plon (en) Luka and the Fire of Life, 2010

    Bibliographie et productions d’Abnousse Shalmani

    Essais
    • « Khomeiny, Sade et Moi », Grasset, 2014, 336 p.
    • « Éloge du Métèque », Grasset, 2019, 198 p.
    Romans
    • « Les Exilés Meurent Aussi d’Amour », Grasset, 2018, 400 p.
    Films
    • 2007 : « La Dictionnaire » (réalisatrice), court métrage
    • 2005 : « Paris, la métisse » (co-réalisatrice), long métrage
  • Les nougats d’Ispahan

    Les nougats d’Ispahan

    A la fin de la semaine dernière a commencé la fête de Nowrouz. Précisément en France le vendredi 20 mars 2015 à 23h45m11s et en Iran, samedi 21 mars 2015 à 02h15m11s.

    Depuis le 23 février 2009, l’UNESCO a fait de Nowrouz une journée internationale figurant dans la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. Nous avons souvent eu l’occasion d’évoquer cette fête dans ce blog. Rappelons seulement que « Now » et « rouz » signifient respectivement « nouveau » et « jour ». Par ailleurs revenons rapidement sur les Haft Sîn (les sept « S ») ; il s’agit – nous avions maintes fois abordé ce sujet – de sept éléments dont le nom commence par la lettre « s » (sin dans l’alphabet persan). On les dispose sur la table et ils y restent jusqu’au 13e jour après le nouvel an. Voici quelques exemples :

    Haft-SînImage : 7seen.com

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  • Âzâdi, Liberté…

    Âzâdi, Liberté…

    Une belle idée lecture ! Lorsqu’il y a quelques temps j’ai appris l’existence du livre de Saïdeh Pakravan, je me suis empressé de me le procurer dans ma librairie favorite, « Au poivre d’Ane » (1).

    Azadi

    Publié par les éditions Belfond, j’ai d’abord été étonné par la sobriété de la couverture de ce roman. Presque bi-colore, on y distingue titre et nom de l’auteure ainsi qu’une représentation de la célèbre Tour Âzâdi de Téhéran, colorée de rouge et sur laquelle on distingue les yeux d’une jeune personne…

    Voici ce que nous livre la quatrième de couverture :

    Âzâdi signifie « liberté » en persan. Il y a ceux qui la rêvent et ceux qui en paient le prix.
    Téhéran, juin 2009. Après des élections truquées, une colère sourde s’empare de la jeunesse instruite de Téhéran. Dans la foule des opposants la jeune Raha, étudiante en architecture, rejoint chaque matin ses amis sur la place Azadi pour exprimer sa révolte, malgré la répression féroce qui sévit. Jusqu’au jour où sa vie bascule. Après son arrestation, et une réclusion d’une violence inouïe, ses yeux prendront à jamais la couleur de l’innocence perdue…
    Tout en levant le voile sur une psyché iranienne raffinée et moderne, sans manichéisme et avec un souffle d’une violente beauté, Azadi raconte de façon magistrale le terrible supplice de celle qui cherche, telle une Antigone nouvelle, à obtenir réparation. Et à vivre aussi… là où le sort des femmes n’a aucune importance.

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  • Elle s’appelle Paradise Sorouri

    Elle s’appelle Paradise Sorouri

    Paradise Sorouri est Afghane. Elle est surtout l’une des premières rappeuses afghanes ! Du rap au pays des talibans ? N’y aurait-il pas là comme un léger décalage ?… (suite…)

  • Nouvel an des arbres

    Nouvel an des arbres

    Le 15 janvier dernier, c’était la fête de Tou Bichvat « le quinze du mois de shevat » (« Tou » est en fait composé des lettres Tet et Vav dont la somme des valeurs numériques est 15). Le 15 shevat a lieu selon les années entre la mi-janvier et la mi-février.

    « Il y a quatre dates de nouvel an. Le 1er Nissan, c’est le nouvel an des rois et des fêtes de pèlerinage. Le 1er Eloul, le nouvel an pour la dîme du bétail […]. Le 1er Tishri , le nouvel an pour les années, la shmita et le jubilé, pour les récoltes et les légumes.[…] Le 15 Shevat, le nouvel an des arbres. » (Mishna Rosh Hashana I, 1)

    Tou Bichvat n’est pas un jour chômé. Il est actuellement considéré comme un jour joyeux au cours duquel on ne peut pas prononcer d’éloge funèbre ni observer de jeûne. Cette fête ne s’accompagne pas d’obligation particulière ; il est d’usage de consommer des repas de fruits.

    tou-bichevat.1

    L’arbre est présent dans le judaïsme comme le montrent l’Arbre de vie et celui de la connaissance du Bien et du Mal. L’Arbre de vie symbolise la force de la vie et ses origines, l’importance des racines et le développement de la Vie. « L’arbre de vie s’étend du haut vers le bas et le soleil l’éclaire entièrement » (Zohar). L’Arbre de la connaissance du Bien et du Mal est une image allégorique du Livre de la Genèse suivant lequel Dieu planta dans le jardin d’Éden deux arbres mystérieux. « L’Éternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal… L’Éternel Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Éden… : ‘Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car, le jour où tu en mangeras, tu mourras.’ » (Genèse, II).

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    Les arbres ont de tout temps figuré dans les diverses traditions au travers des âges. Dès la plus haute antiquité l’olivier était cultivé par les Perses (-12000) et par les Egyptiens (-6000), qui l’utilisent dans les soins du corps et les rites funéraires. (suite…)

  • Choix d’Iran…

    Choix d’Iran…

    Il s’en passe, des choses, en Iran…

    Nous avions déjà évoqué les élections qui se sont déroulées dans ce pays récemment. Nous nous étions rendu compte que la notion de « modéré » était pour le moins relative aussi (une belle illustration : le dessin de Plantu un peu plus bas). Mais comment pouvions nous espérer des miracles alors que le système politique iranien est tel que le Guide suprême Ali Khamenei (élu pour huit ans, lui) détient des pouvoirs exorbitants ! En bref, c’est lui qui nomme la moitié des membres du Conseil des gardiens. Lui encore qui nomme ou révoque les cinquante-et-un membres du Conseil de discernement (qui décide la politique générale). Le Conseil des gardiens a quant à lui le pouvoir d’approuver ou de s’opposer aux lois du Parlement. Ce Parlement (Majlis) peut approuver ou refuser des ministres du gouvernement nommés par le Président Rohani.

    Bref, le poids des religieux dans le système politique de la République islamique d’Iran est pour le moins énorme.

    Or deux faits récents sont passés quasi-inaperçus.

    D’abord, jeudi dernier, le Parlement – dans son vote de confiance des dix-huit ministres du gouvernement (ce vote se fait ministre par ministre et non globalement), a refusé trois nominations (principalement pour leur proximité avec le mouvement réformateur de 2009) : celles de Mohammad Ali Najafi (Education nationale), de Jafar Mili-Monfared (Science, Recherche et Technologie) et Massoud Soltani-Far (Sport et Jeunesse).

    Par ailleurs, une élue suppléante du conseil municipal de la ville de Qazvin (ouest de Téhéran), Nina Siahkali Moradi, 27 ans, a vu son mandat invalidé car… cette municipalité « n’a nullement besoin d’un mannequin ». Oui, vous avez bien lu : la trop grande beauté de Nina Siahkali Moradi lui a été fatale… Ingénieur de formation et candidate de la jeunesse, elle avait pourtant rassemblé près de 100.000 suffrages et était arrivée 14ème sur 163 candidats !

    Et vous souvenez-vous de cette histoire de « maillot » que nous évoquions début juillet qui traitait d’un « record de la natation non validé pour une tenue « pas assez conforme à la charia » ?… lham Asghari, l’Iranienne de 32 ans en question, avait nagé, le 11 juin dernier, pendant huit heures.

    A l’instar du grand Philippe Meyer, célèbre mammifère omnivore, disons que nous vivons vraiment une époque moderne…

    • L’article sur le site http://www.huffingtonpost.co.uk

  • Qui se soucie des Kurdes de Syrie ? [Courrier International]

    Le Kurdistan a déjà fait l’objet d’un article en décembre 2010 sur ce blog. Nous y rappelions que le Kurdistan est un état qui n’avait pas vraiment d’existence officielle. La présence kurde définit une zone comprenant l’est de la Turquie, le nord-est de la Syrie, le nord et nord-est de l’Irak, ainsi qu’une partie de l’est de l’Iran.

    Les choses ont évolué en Irak, nous l’avions espéré dans notre dernier article. Dans ce pays existe aujourd’hui la « Région autonome du Kurdistan », dans le nord du pays (la capitale en est Erbil ; régime : démocratie parlementaire). Le Gouvernement régional kurde dispose d’une force armée (les Gardes régionaux kurdes, appelés aussi Peshmerga). Son chef d’Etat est Massoud Barzani. Voici une vue générale du Kurdistan :

    Licence : Attribution-Share Alike 3.0 Unported

    Cette présentation faite, un article de Courrier International de la semaine dernière a attiré notre attention. Il titrait :

    SYRIE – Les Kurdes, les oubliés du conflit ?

    Signé par Amir Sharifi (président de la Kurdish American Education Society à Los Angeles), cet article a été publié originellement dans le journal Rudaw publié quotidiennement à Erbil. Il est précisé par Courrier International que « Rudaw s’intéresse aussi particulièrement à toutes les questions concernant les Kurdes, y compris hors d’Irak, en Iran, en Turquie et en Syrie.« 

    Mais revenons à notre article. Car la problématique présentée en dit long sur ce qui se déroule en ce moment en Syrie, qui se situe – comme nous le constatons sur la carte – à l’ouest de la Région autonome kurde. Or, les frontières humaines ne correspondent pas forcément – loin s’en faut – à la réalité ethnographique sur le terrain. Un foyer kurde est présent, comme nous le précisions, en Syrie. Or, dans le conflit qui se déroule dans ce pays, des groupes armés affiliés à Al-Qaida « mènent des sièges et des offensives contre les comités de protection du peuple kurde (YPG, milice kurde) et tuent, kidnappent, dépouillent, séquestrent et torturent des civils comme des combattants. » (Source : Observatoire syrien des Droits de l’Homme). Ces exactions terribles, qui durent depuis l’hiver dernier ont connu une intensification depuis le 18 juillet dernier : « cette guerre de terreur s’est intensifiée, semant le pillage, la destruction et la mort.« 

    Après avoir été blessé lors d’un bombardement à Alep, un homme kurde est soigné dans l’hôpital d’Afrin, le 9 avril 2013. (Photo AFP/ Dimitar Dilkoff)

    Le journaliste met en avant des éléments incontestables qui tendent à prouver que le Qatar soutient financièrement et militairement des formations telles que la brigade Ahfad Al-Rassoul… Ceci dit, il est aussi précisé que le responsable de la branche syrienne du Parti des travailleurs (PKK) a été invité officiellement à Istanbul pour négocier sur l’autonomie kurde et sur le poids de la Turquie dans le conflit en Syrie. Et il semblerait que la Turquie serait en train de reconsidérer sa politique à l’égard des Kurdes de Syrie, voire à prendre ses distances avec Al-Qaida et ses fanatiques religieux.

    Mais, dans le monde, nul ne semble s’inquiéter du sort des Kurdes de Syrie (ainsi que des autres communautés ethniques et religieuses présentes dans ce pays). Etats-Unis, Union européenne, ONU : silence radio. Les Kurdes « espèrent seulement que la communauté mondiale des droits de l’homme comprenne la situation difficile et les aspirations qui sont les leurs« 

    Or une dépêche de l’AFP datée d’hier, le 10 août, fait état d’une menace du chef de l’Etat de la Région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani, « d’intervenir dans le conflit syrien pour protéger la vie des civils kurdes de Syrie. » Disposant de sa propre force militaire, comme nous le disions, « la région du Kurdistan irakien mettra en oeuvre toutes ses capacités pour défendre les innocents », a affirmé M. Barzani. » afin de venir en aide aux Kurdes de Syrie.

    Retrouvez l’article très riche de Courrier International

    L’article original d’Amir Sharifi dans Rudaw (anglais)

    Un ancien article d’août 2012 au sujet du film Kurde-Irakien « Les Murmures du Vent »

  • Rohani modéré ?

    Ah le nouveau président de l’Iran ! Nous en parlions ici… La veille de son investiture, vendredi 2 août, il avait affirmé « qu’Israël était un corps étranger qui devait être extirpé de la région ». Si changement il y a, nous ne nous en sommes pas encore aperçus, tellement ça doit être subtil. C’est le peuple que je plains. Les femmes et les hommes de la rue. Les jeunes surtout, si nombreux dans la société iranienne… Ce peuple qui ne supporte plus de cette république islamique, qui n’a jamais tant espéré la Liberté… Pour en revenir à Rhoani, c’est Plantu qui en parle le mieux. Voici son dessin paru dans Le Monde du 6 août dernier :

    plantu-6-8-lemonde

  • Iran : cri d’un peuple indigné (Reportage LCP-AN)

    Iran : cri d’un peuple indigné

    Commentaire du site LCP-AN à propos de ce document :

    Face au vertige de l’information en continu, les documentaires imposent cette distance nécessaire pour une nouvelle expérience du réel.

    Ainsi, l’écriture documentaire vient indispensablement renforcer les moyens d’expression et de connaissance proposés à l’antenne à travers les journaux, les magazines et autres débats.

    Depuis de nombreuses années, LCP a choisi de faire la part belle à la démarche documentaire sur son antenne à travers une programmation sur-mesure et une politique de coproduction ambitieuse. LCP achète ou coproduit une cinquantaine de documentaires par an et collabore avec de nombreux producteurs porteurs de savoir-faire différenciés.

    Source : http://www.lcp.fr/emissions/docs-ad-hoc/vod/148351-iran-cri-d-un-peuple-indigne
    Publiée le 14/06/2013
    Durée : 52mn

    Ce reportage et bien d’autres sont en vente sur le site « Horizon Docs » et sont le fruit du travail de Jamshid Golmakani (Producteur-Réalisateur) que nous pouvons soutenir en faisant connaître ce site « horizondoc.jimdo.com » et en achetant les DVD de ces réalisations passionnantes.

    http://horizondoc.jimdo.com/catalogue-catalogue/

  • Une histoire de maillot…

    En Iran, un record de la natation non validé pour une tenue « pas assez conforme à la charia »

    Elle dit avoir battu le record de la natation en mer des femmes, après avoir nagé 20 kilomètres dans la mer Caspienne. Elham Asghari, l’Iranienne de 32 ans, a nagé, le 11 juin, pendant huit heures dans une plage consacrée aux femmes au nord de l’Iran, près de la ville de Noshahr, en présence d’un représentant de la Fédération de la natation. En sortant de l’eau, on lui a tout de même annoncé que la sous-ministre des affaires des femmes et du sport, Marzieh Akbarabadi, avait refusé d’enregistrer son record, prétextant que sa tenue n’était pas « assez conforme à la charia. » >>> [Lire l’article sur http://keyhani.blog.lemonde.fr]…

  • Iran : Vote4Zahra !

    Z_Symbol_Real_Candidate

    Aujourd’hui, on votait, en Iran !

    zahra-930_scalewidth_630Et l’on parle de Zahra : candidate à ces présidentielles. Comment ? Une femme candidate aux présidentielles iraniennes ? Bon, nous y reviendrons…

    En attendant, exit Ahmadinejad : la constitution ne permet pas de prétendre à trois mandats successifs en Iran. Ca, c’est fait ! Mais il y a six candidats. Pour faire simple, tout semble se jouer entre Hassan Rohani, religieux de 64 ans et candidat unique des réformateurs, et trois conservateurs qui ont refusé toute alliance : l’ex-chef de la diplomatie Ali Akbar Velayati, le maire de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf et le chef des négociateurs nucléaires Saïd Jalili, ultraconservateur.

    (suite…)

  • Eïdeh noroozetan mobarak !

    Eïdeh noroozetan mobarak !

    Au-delà de l’image que l’on garde, inconsciemment ou non, de l’Iran – en raison, entre autres, des Mollahs, de la répression dont la population souffre tant, du régime théocratique extrémiste, des bassidjis (force d’intervention populaire rapide bénéficiant actuellement d’un plein pouvoir sur le plan sécuritaire du pays afin d’empêcher «toute démonstration anti-théocratique»), ou des comportements d’Ahmadinejad – souvenons-nous seulement que malgré l’avènement de la République islamique, événement au demeurant extrêmement récent au regard de son Histoire pluri-millénaire, le peuple Perse est héritier et dépositaire d’une très riche et très belle Tradition.

    Dans cette Tradition, nous trouvons une fête importante qui est pratiquée depuis près de sept mille ans, dont les origines spirituelles plongent leurs racines jusqu’aux époques mazdéenne et zoroastrienne. Il s’agit de la fête de Nowrooz, qui commence cette année le 20 mars à 14h00.

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    Célébrée à l’occasion du renouveau du printemps, autour du 21 mars, la fête de Nowrooz est liée au culte du feu, de la lumière. Cette année, en Iran, la veille de Nowrooz sera le mardi soir 19 mars (merci, Azin !) et durera treize jours. Elle est également célébrée dans de nombreux pays, en dehors de l’Iran, qui ont été influencés par l’Empire perse. Sur le site remarquable iran-resist.org, il est donné cette explication :

    « Sept petits bûchers sont installés ça et là, fait de bois secs, sarments et autres petits buissons du désert. Il en faut au moins un par foyer, le feu y est mis et alors chaque personne doit sauter au moins une fois par-dessus en criant :

    Sorkhi é to az man, zardi é man az to

    Ce qui signifie littéralement ton rouge pour moi et mon jaune à toi. Si la formulation paraît étrange, elle a pourtant un sens qui mérite une explication. On demande au feu (divin) et symbole du soleil qui va à nouveau briller tout le temps jusqu’à l’hiver prochain de donner à celui qui saute sa rougeur, sa vivacité, sa pétulance et dans l’autre sens de reprendre le jaune symbole des maladies, des fatigues et des peines. »

    On peut aisément se douter que les mollahs ne voient pas d’un bon oeil (c’est un euphémisme) cette fête particulière. Mais aujourd’hui encore, le peuple Iranien reste très attaché à cette célébration, comme à la Tradition qui s’y rattache.

    voeux iraniens

    Comment ne pas évoquer ici le très beau film « La Fête du Feu » (Chaharshanbe Suri), réalisé par Asghar Farhadi (2007), avec, entre autres, l’actrice formidable Taraneh Allidousti, et dont l’action se situe avant l’arrivée de la fête de Nowrooz : « Ce mardi est « Chahar shanbeh souri », une fête du feu plurimillénaire. Rouhi, une jeune aide-ménagère qui vit un bonheur complet et va bientôt se marier, est employée pour la journée chez un jeune couple. Elle découvre un foyer en pleine crise, dont la femme soupçonne son mari de la tromper avec une voisine« …

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    Dans cette fête nous trouvons également les Haft Sîn (« Les Sept ‘S’ ») qui consiste à dresser une jolie table et d’y disposer sept objets particuliers, représentant les sept créations et les sept immortels. Par exemple, nous pouvons y trouver :

    – Sabzeh (germes de blé ou autre, symbolisant la renaissance)
    – Samanu (une pâte très sucrée symbolisant l’abondance)
    – Senjed (le fruit séché du jujubier symbolisant l’amour)
    – Sîr (de l’ail symbolisant la médecine)
    – Sîb (des pommes, symbolisant beauté et bonne santé)
    – Somaq (des baies de sumac, pour la couleur du lever du soleil et santé)
    – Serkeh (du vinaigre, l’âge et la patience)
    – Sonbol (l’odorante fleur de jacinthe, pour l’arrivée du printemps)
    – Sekkeh (des pièces, symbolisant prospérité et santé).

    Peuvent y figurer également des oeufs ou un oeuf dur décoré, un oeuf symbolique, plutôt décoratif.

    L’un des personnages centraux de Nowrooz est Haji Pirûz qui rappelle le dieu sumérien Dumuzi, tué chaque année pour renaître au début de l’année. Mort et Renaissance. Tout un symbole, que nous avions déjà évoqué dans un article à propos du Seder, cette magnifique célébration de la Tradition juive, Pessah, qui relate la sortie d’Egypte des Hébreux.

    Or il est étonnant de comparer la table des Haft Sîn et celle du Seder, dont le plateau comporte les sept éléments suivants :

    – Trois Matsoth (du pain azyme, disposées l’une au-dessus de l’autre) ;
    – Le Karpass (des herbes vertes : céleri, persil) ;
    – De l’eau salée (qui rappelle le goût des larmes des enfants d’Israël pendant l’esclavage) ;
    – Le Maror (des herbes amères symbolisant l’amertume de la vie en Égypte : romaine, laitue, endives, raifort) ;
    – Le ‘Harosseth (un mélange fait à base de dates, noix, pommes, amandes et cannelle avec du vin, symbole du mortier utilisé par les esclaves hébreux pour la fabrication des briques) ;
    – Zerowa’ (un os, pour le sacrifice de l’agneau pascal à l’époque du Temple de Jérusalem) ;
    – Bëtsa (un œuf dur, en souvenir de la destruction du Temple de Jérusalem).

    Haft Sin et Seder

    Dans le détail, les choses diffèrent, certes, mais, on le voit, des liens restent visibles. Ce sont ces liens qui, bien que ténus, peuvent laisser envisager que sans doute les traditions se rejoignent dans des origines lointaines, dans une Tradition originelle qui nous ferait simplement comprendre que – quelles que soient nos différences – nous sommes tous frères. « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis », écrivait, d’ailleurs, Antoine de Saint Exupéry. Le même qui précisait :  « On ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux »…

    Quoi qu’il en soit, et si ensemble nous devions célébrer la renaissance de la Nature, le retour du Printemps, la victoire de la Lumière sur les ténèbres, nous dirions d’une seule voix, d’un seul coeur : « Eïdeh noroozetan mobarak ! » (du 20 mars au premier avril 2013), « Rag Pessa’h Samea’h ! » (le 26 mars au premier avril 2013), « Bonnes fêtes de Pâques ! » (le dimanche 31 mars 2013 et, le lendemain, le lundi de Pâque – premier avril 2013)… Qu’il est beau de voir que tout le monde se rejoint le premier avril pour finir en même temps les trois fêtes. Beau symbole…

    (Je dédicace cet article à Azin ! Salam doostam !)

     Liens :

    http://www.iran-resist.org/article1760.html
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Norouz
    http://iran.blog.lemonde.fr/

  • Je n’étais pas seul…

    Ce soir, à 18h30, très belle occasion à ne pas manquer au cinéma Lumière : un film iranien, diffusé en avant-première, du réalisateur Asghar Farhadi : « Les enfants de belle ville » ! Quel réalisateur : « Une Séparation » (2011) [Producteur, Réalisateur, Scénariste] ; « A propos d’Eli » (2009) [Chef décorateur, Producteur, Réalisateur, Scénariste] ; « La Fête du feu » (2007). Quel plaisir également de retrouver cette langue (originale sous-titrée en français) et cette magnifique actrice Taraneh Alidoosti. Allons-y !

    En arrivant, je me demandais qui se déplacerait pour voir un tel film. Il nous arrive assez régulièrement des films étrangers grâce au dynamisme de la section « Arts et Essais » du cinéma Lumière… Allez, nous serons trois ou quatre au maximum. Comme d’habitude !… Entrons !

    – « Salle 1. Droit devant vous ! », me dit-on à la caisse… J’y vais.

    Quelques personnes déjà. Tiens ! Et pourquoi pas ? Tant mieux si l’intérêt de ce type de film attire davantage de spectateurs ! Mais à un moment, je réalisais qu’il y avait tout autour de moi vingt ou plutôt trente personnes. Bon, me dis-je, voilà une occasion de réviser mon propre jugement…

    Un monsieur s’avance, un micro à la main, avant le démarrage du film. Chouette, me dis-je : en plus une conférence sur l’Iran, la jeunesse iranienne, etc. ! Il prend la parole :

    – « Bonsoir à toutes et à tous, je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui. Je constate avec plaisir que nous avons un spectateur payant (trente paires d’yeux se tournent vers moi… Instant furtif d’isolement curieux)… car notre assemblée est composée ce soir de responsables de salles (de cinéma, NDLR) »…

    Voilà la cause de la soudaine affluence pour un film d’origine iranienne ! Je me retrouvais en fait dans une séance d’avant-première (le film sera diffusé dès le 11 juillet prochain) ouverte au public mais au milieu d’une foule (enfin, n’exagérons rien) de professionnels du cinéma ou de la culture (j’avais juste devant moi une personne qui m’a dit être de la mairie de La Ciotat, du service de la culture).

    Point de conférence à l’horizon, mais un horaire et autres informations pour se retrouver au restaurant après cela et certains parlèrent également d’hôtel. Et le film commença. Sans aucune publicité habituelle ou autres annonces : démarrage direct.

    Enfin… Je n’aurais jamais imaginé me retrouver en pareille compagnie. Le film fut très intéressant, et malgré mon petit moment de solitude, je me rendais bien compte que je n’étais pas seul…

    Dès le 11 juillet, si vous en avez l’occasion, allez le voir, ce film. Taraneh Alidoosti y est rayonnante. Pour accéder à la bande annonce, rendez-vous sur le site de Memento Films, distributeur de ce film. En voici le synopsis donné sur le site :

    Akbar est jeune, il vient d’avoir 18 ans, mais Akbar est condamné à mort. Alors qu’il attend son exécution dans une prison de Téhéran, son meilleur ami et sa sœur vont tenter d’obtenir le pardon du père de sa victime, seul moyen pour lui d’échapper à son destin.

  • Espérances inespérées

    L’actualité de ces dernières semaines nous donne pour le moins le tournis. Les nouvelles qui nous parviennent sont littéralement incroyables, voire surréalistes.

    Nous évoquons bien sûr les nombreux signes de contestation qui submerge – c’est un euphémisme – la plupart des pays du pourtour méditerranéen et même plus largement.

    Après avoir repris les principales informations, nous avons relevé les dates de début des différentes insurrections (malgré l’attention porté à ce travail, des erreurs ont pu néanmoins s’y glisser). Après une capture de la région concernée sur Google Maps, voici une carte qui permet de localiser dans son ensemble la contagion qui se déroule sous nos yeux éberlués…

    Chronologiquement, voici le résultat de nos relevés :

    • 16 décembre 2010 : Tunisie
    • 05 janvier 2011 : Algérie
    • 25 janvier 2011 : Egypte
    • 27 janvier : Yémen
    • 28 janvier 2011 : Jordanie
    • 14 février 2011 : Iran
    • 14 février 2011 : Bahrein
    • 15 février 2011 : Libye
    • 20 février 2011 : Maroc

    Et en voici la carte (avec une rotation à 90° pour que ça reste visible) :

  • Liberté !

    (AFP)
    (AFP)

    PARIS (AFP) – La Française Clotilde Reiss, détenue en Iran depuis le 1er juillet pour avoir participé à des manifestations post-électorales, est sortie de prison dimanche soir, a annoncé l’Elysée mais elle reste sous contrôle judiciaire et est « hébergée » à l’ambassade de France.

    La jeune femme sera « hébergée » à l’ambassade de France à Téhéran « dans l’attente de son retour en France », a indiqué un communiqué de l’Elysée. (…)

    La nouvelle tombée à 20h04 ce dimanche 16 août fait chaud au coeur. En même temps les procès se poursuivent en Iran, contre celles et ceux qui, portés par un vent de Liberté lors des dernières « élections » (appelons ça comme ça…) présidentielles, avaient su montrer au monde entier – avec les outils de communication actuels – la réalité d’un Peuple qui refusait la confiscation d’un scrutin qui s’annonçait…

    Et voici venu le temps des règlements de compte… Mais combien de temps pourra-t-on ainsi museler un Peuple épris de cette Liberté qu’il aimerait tant vivre, dont il se voit déjà écrire le nom ; cette Liberté, Liberté chérie…