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  • Mes premières années

    Mes premières années

    Il y a exactement trente-sept ans, aujourd’hui 20 octobre 2020, par un petit matin endormi, les ténèbres de la nuit persistaient encore, semblant retenir encore les premières lueurs du jour à venir, je poussais la lourde porte de cet imposant édifice que l’on appelait jadis « Ecole Normale d’Instituteurs ».

    Cet accès à l’Ecole Normale représentait alors une immense victoire après tant d’épreuves et de doutes. Juste avant l’été précédent, le Baccalauréat en poche, je me souviens très bien avoir recherché dans l’annuaire (nous étions alors très loin d’internet et de Google) et je trouvais l’adresse de l’Inspection Académique de Strasbourg (j’ai en effet d’abord vécu en Alsace, où je suis né : à Strasbourg, pour être précis – voilà la raison de cette image d’en-tête – avant de gagner le sud, où je me trouve actuellement, bien des années plus tard). J’avais téléphoné à cette Inspection Académique et l’on m’avait expliqué toute la marche à suivre pour entrer dans la grande famille de l’Education Nationale (comme cela m’avait été dit). Première pierre : le dossier d’inscription qui me parvint quelques jours plus tard, que je remplis avec entrain, y joignant, entre autres, les justificatifs relatifs à mon Baccalauréat, diplôme demandé à l’époque pour ce concours.

    Durant le mois de septembre, avaient eu lieu les épreuves du concours d’entrée à l’Education Nationale. J’avais reçu ma convocation pour la première d’entre-elles qui allait se dérouler à l’Université de Strasbourg. J’avais déjà raconté cet événement, il y a huit ans, dans cet article : https://www.laurentkarouby.net/2012/10/20/encore-un-anniversaire/.

    Lorsque j’arrivais à cette Ecole Normale d’Instituteurs de Sélestat, après en avoir poussé la porte, donc, je me retrouvais dans la pénombre d’un long couloir peu éclairé, qui se dressait devant moi. Je le revois parfaitement. A droite, formant comme une bordure, de petites tables où l’on pouvait s’inscrire, au fur et à mesure de notre progression. Il y avait là, la MAIF, la CAMIF, la MGEN, etc. La grande famille de l’Education Nationale en quelques tables.

    C’est que l’événement était à la hauteur de mes espérances : je n’avais alors pas encore vingt ans, et j’allais toucher mes premières payes ! En ma toute nouvelle qualité d’élève-instituteur. J’entrais alors de plain-pied, mais mes jeunes années ne me permettaient pas d’en avoir pleinement conscience, dans ma vie professionnelle.

    Cette carrière que j’allais consacrer intégralement à l’enfance en difficulté, après un passage très marquant dans l’Etablissement Oberlin, à Schirmeck – La Broque, dans la charmante vallée de la Bruche : mon tout premier poste, obtenu après les trois ans passés à l’Ecole Normale. Les enfants y étaient placés par décision de Justice. Ce fut dur. Très difficile (d’autant qu’en trois ans de formation, je ne me souvenais pas avoir entendu parler de ce type d’établissement). Oui, ce fut dur et difficile, mais tellement passionnant et enrichissant ! L’équipe de cet Etablissement Oberlin était formidable. Je me sentais soutenu comme jamais. Et j’avais obtenu une certitude : j’avais enfin trouvé ce que je voulais faire, dans ce métier ! C’était comme une évidence.

    Lors de ma deuxième année à Oberlin (j’étais alors loin de pouvoir être titulaire avec mes deux petites années d’enseignement : je ne faisais que des remplacements), les collègues me permirent de voir un Inspecteur spécialisé, monsieur Gillig, dont l’établissement Oberlin dépendait. Ils lui avaient préalablement parlé de moi, allais-je apprendre plus tard. Car il était si rare de vouloir persister dans cette voie spécialisée. L’Inspecteur me proposa un entretien, quelques jours après, dans son bureau, à Strasbourg.

    C’est ainsi que, le moment venu, durant près de trois heures, j’exposais ma (toute) petite expérience, plus passionné que jamais. A l’issue de notre entretien, l’Inspecteur m’annonça qu’il m’inscrivait au stage de formation, pour devenir instituteur spécialisé, qui se déroulerait durant toute l’année suivante à Strasbourg, au Centre Régional de Formation des Maîtres de l’Adaptation et Intégration Scolaires (CRFMAIS, en version courte).

    L’année suivante, donc, ma troisième, j’allais vivre un enseignement de premier plan. L’Ecole Normale n’était pas loin. Et ça n’avait rien à voir. Petite parenthèse en lien avec cette formation : l’Inspecteur m’avait précisé qu’on y avait accès normalement après cinq ans d’exercice. J’étais heureux d’avoir pu y participer avant. Nous avions des professeurs passionnants, et des intervenants de même dimension : des psychologues, des psychiatres, des pédopsychiatres et autres spécialistes plus intéressants les uns que les autres. Ce fut réellement une formation extraordinaire. Durant l’année, nous avions même pu partir à Tignes l’hiver pour faire du ski, et au Lac d’Annecy au printemps, pour faire de la spéléologie et d’autres choses. La fin de l’année de profilait. Et, dois-je préciser : j’avais été surpris par les examens terminaux. Jugez plutôt. Deux dissertations : une au sujet de l’enfance en difficulté, en général, l’autre en rapport avec notre spécialité (j’avais choisi l’option E : l’Aide à dominante pédagogique, dans les écoles. D’autres avaient préféré l’option F, en vue de travailler en SEGPA (Sections d’enseignement général et professionnel adapté), dans les collèges). Ces deux dissertations passées, nous avions subi deux ou trois oraux (sujets tirés au sort). Puis nous terminions avec une soutenance de mémoire, que j’avais constitué tout au long de l’année auprès d’une élève, dans une école que je retrouverais plus tard, dans ma carrière. Visiblement la sélection fut sévère, car près d’un tiers de l’effectif allait échouer.

    L’année suivante, ma quatrième, fort de mon examen théorique, j’avais été nommé dans une classe d’adaptation, poste qui était vacant, dans une école élémentaire. Mon inspection de titularisation (l’examen pratique) allait arriver rapidement. Ce jour-là, j’avais une petite dizaine d’élèves et le jury devait être au moins aussi nombreux. Il était présidé par l’Inspecteur spécialisé grâce auquel j’avais pu accéder à la formation. A ses côtés se trouvait l’Inspecteur de la circonscription dans laquelle je me trouvais. Les autres personnes étaient des enseignants spécialisés. Ma séance s’était déroulée plus ou moins bien, comme toujours en pareille circonstance. Arriva le moment où l’on me demanda de sortir. J’errais alors dans le couloir. Le jury délibérait. Cela n’avait pas duré bien longtemps. Car la porte s’ouvrit soudain, puis je vis sortir l’Inspecteur spécialisé que me dit ces mots qui résonnent toujours à mes oreilles : « Bienvenue dans la grande famille de l’AIS ». Il me serra longuement la main, souriant. J’étais ému. Tous les autres membres du jury firent pareil. Je n’allais jamais oublier cette journée très spéciale. J’avais alors obtenu le diplôme professionnel intitulé CAAPSAIS (Certificat d’aptitude aux actions pédagogiques spécialisées d’adaptation et d’intégration scolaires).

    Je voudrais rendre ici hommage à l’inspecteur spécialisé grâce auquel j’ai pu entrer dans l’enseignement spécialisé : monsieur Jean-Marie GILLIG ; ainsi qu’à l’Inspecteur de circonscription qui m’avait si bien accueilli et si magnifiquement accompagné durant mes premières années : monsieur Jean KRIEGER.

    Je ne les remercierai jamais assez pour leur confiance et leurs conseils.

    Je ne les oublierai jamais…


    Ah, mes premières années !

    C’était il y a quelques temps.

    C’était hier.

  • Les années passent…

    C’est l’année prochaine qu’il sera intéressant de  célébrer ce moment, pour avoir un compte rond. Mais pour une fois que j’y pense à temps, je ne louperai pas l’occasion.

    Dans mes jeunes années, juste après le bac, je m’étais inscrit au concours d’entrée à l’Ecole Normale. Je voulais devenir instituteur. J’affrontais deux écrits, en même temps qu’un nombre incroyable d’autres candidats (deux amphis pleins). Le premier travail était à dominante littéraire, le second à dominante scientifique. Le résultat fut encourageant : j’étais admis pour la suite !

    Cette deuxième étape était composée de plusieurs épreuves (là, nous ne remplissions déjà plus que deux grandes salles). Travaux manuels (réalisation d’un personnage du genre « marionnette » avec le matériel qu’on nous avait demandé d’amener) ; sport : course à pieds (sprint et fond), natation, sports collectifs ; puis chant, musique et expression corporelle. Nouvelle petite attente, quelques jours, puis j’appris mon admissibilité !

    (suite…)