Chers amis,
L’expérience de ces dernières élections cantonales est encore présente. Et avec elle son lot d’événements plus ou moins heureux. Nous retiendrons deux mauvais points, nous voulons parler du fort taux d’abstention et du score élevé du Front national.
A priori, rien ne lie ces deux faits. Mais regardons cela de plus près…
Que veulent donc nous faire comprendre les abstentionnistes dont on dit qu’ils composent le « premier parti de France » ?… Une contestation. Un ras-le-bol adressé au monde politique de notre pays.
Notre propos ne vise pas à se questionner sur ce que l’on appelle la « crise de citoyenneté », d’autres ayant traité ce sujet. Il nous semble par contre important d’observer de quelle manière a été sacrifié – sur l’autel de la contestation – le vote républicain pour le transformer en vote extrémiste. C’est ici que nous retrouvons le score (toujours trop) élevé du Front national.
Qu’on ne s’y trompe pas : il ne s’agit pas de dire que ce parti – contrairement à ce que certains pensent – est devenu un parti républicain « comme les autres »… Non, non, mille fois non ! Ce parti fut créé en 1972 par Jean-Marie Le Pen. Celui-ci, repéré par Pierre Poujade, devint en 1955 le délégué général de l’Union de défense de la jeunesse française puis fut élu député de Paris – le plus jeune député de l’Assemblée nationale (il avait vingt-sept ans) en 1956. Il restera député jusqu’en 1962. Il sera plus tard directeur de campagne de Jean-Louis Tixier-Vignancour lors de la présidentielle de 1965. Ses dérapages ont jalonné son parcours politique (« les chambres à gaz sont « un point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale » éructa-t-il an 1987. L’année suivante ce fut le malheureux et nauséabond mot à propos de Michel Durafour – alors ministre de la Fonction publique : « Durafour crématoire »… D’autres paroles de ce gabarit ont tristement succédé à ces derniers, permettant sans l’ombre d’un doute de ranger ce parti aux côtés des formations d’extrême-droite, racistes, xénophobes et antisémites.
Depuis, l’une de ses filles lui a succédé : Marine Le Pen (qu’il eût lors de son premier mariage). Et nous assistons à un changement dans la forme (mais quid du fond ?…). Exit les propos racistes et xénophobes, exit le visage et la voix de son père. Et les jeux de mots liés à son prénom participent de cette banalisation dangereuse en cours actuellement : « la vague bleu Marine »… Nous verrons à l’usure si la présidente du Front national saura conserver cette image de « parti comme les autres ». Le naturel pouvant aussi revenir au galop, à la première occasion.
Mais revenons sur le glissement auquel nous assistons depuis un certain temps qui consiste à transformer le Front national en parti de la contestation. Cette mystification fâcheuse est dangereuse pour notre Démocratie ! Laissons ce parti à ses préoccupations premières qui trouvent leur source dans la fange de nos sociétés et de certains esprits. Mais, si un fond de fidèles à ce parti le sont et le resteront, nous n’irons pas jusqu’à dire que tous les électeurs du Front national sont racistes et xénophobes. Car nombre de nos concitoyens ont trouvé en ce parti le moyen – désespéré pour certains, certes – de faire entendre leur contestation. Et le FN sait surfer sur ce courant avec l’argument populiste qui consiste à renvoyer dos à dos les partis républicains tels que le PS et l’UMP (souvenons-nous le slogan de ces dernières cantonales : « contre le système UMPS »)… (suite…)