Au cours d’un récent séjour dans la région lyonnaise, nous avons traversé une commune de Caluire. Plus précisément Caluire-et-Cuire. Instantanément me vint à l’esprit l’image de Jean Moulin. Ainsi que celle de son arrestation.
La maison où eut lieu son arrestation. La voici. Celle du docteur DUGOUJON. C’est donc dans ce cabinet médical que le 21 juin 1943 furent arrêtés Jean Moulin et ses compagnons.
Morenika, c’est d’abord une interprétation particulière. Celle de l’immense Avishai COHEN que voici :
Moi, noire et splendide, fille de Jérusalem, comme les tentes de Qédar, comme les tentures de Salomon. (1, 5)
Ne me dévisagez pas, moi, la noirâtre, moi que le soleil a regardée. Les fils de ma mère se sont fâchés contre moi ; ils m’ont mise gardienne des vignes. Mais ma vigne à moi, je ne l’ai pas gardée. (1, 6)
Ces lignes, tirées du Cantique des Cantiques, daté traditionnellement du XIe siècle avant notre Ère, évoque ainsi une fille « noirâtre, que le soleil a regardée ».
C’est vrai qu’elle était belle ; elle était brune. Ses cheveux, sa peau : sombres. La brunette, la « morena ». C’est peut-être dans l’Aragonais qu’elle et les siens vivaient. Une région dont la langue était composée d’un aragonais mâtiné de castillan. Expliquant la terminaison en « ica » du nom qui fut attribué à la belle « Morena » : Morenica.
L’union de Ferdinand II d’Aragon et d’Isabelle de Castille, en 1469, à Valladolid, provoque l’union des deux principaux royaumes de la péninsule, à la base de la création de l’Espagne moderne. (suite…)
« Nous vivons dans un monde de crises, de méfiance et d’incertitudes. Voici notre réponse olympique : Les dix-mille meilleurs athlètes du monde, en compétition les uns face aux autres, vivent pacifiquement ensemble au Village, partageant leurs repas et leurs émotions. Dans cet univers olympique, il y a une loi universelle pour tous. Dans cet univers olympique, nous sommes tous égaux. Dans cet univers olympique, nous voyons que les valeurs partagées par l’Humanité sont plus puissantes que les forces qui veulent nous diviser. Je vous lance un appel, athlètes olympiques : respectez-vous, respectez vous les uns les autres, respectez les valeurs olympiques qui rendent les Jeux Olympiques uniques pour vous et pour le monde entier ».
« Nous vivons dans un monde où l’égoïsme gagne du terrain, où certaines personnes prétendent être supérieures aux autres. Voici notre réponse olympique : Dans l’esprit de la solidarité olympique et avec le plus grand respect, nous accueillons l’équipe olympique des réfugiés. Chers athlètes réfugiés : vous envoyez un message d’espoir aux millions de réfugiés dans le monde. Vous avez dû fuir vos maisons à cause de la violence, la faim, ou juste parce que vous étiez différents. Avec votre grand talent et votre humanité, vous apportez maintenant une belle contribution à la société. Dans cet univers olympique, nous ne faisons pas que tolérer la diversité. Dans cet univers olympique, nous vous accueillons comme un enrichissement de notre « Unité dans la diversité ».
Thomas Bach, président du CIO
Voici l’incroyable accueil qui a été réservé par les nombreux spectateurs à l’Équipe Olympique de Réfugiés, au moment où ces dix athlètes entraient dans le stade Maracana, précédés par la bannière Olympique :
Mettons à présent un visage sur chaque nom de ces athlètes et faisons connaissance avec ce qui fut leur histoire, souvent incroyable et tellement dramatique… (suite…)
MORIAL organise une conférence le jeudi 28 mai 2015, à 19 heures, à la mairie du 16e arrondissement de Paris, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et la mairie du 16ème arrondissement de Paris, sur le thème :
« Et les enfants furent sauvés »
Et parmi les sujets abordés au cours de cette conférence figure une histoire qui m’a été racontée par un excellent ami, pas plus tard que le week-end dernier, alors que nous nous étions rendus à la Sainte-Baume. Ce n’était pourtant pas la première fois que je me retrouvais en ces lieux où les beautés naturelles rejoignent les dimensions spirituelles. Le Massif de la Sainte-Baume se présente sous la forme d’une muraille de calcaire s’élevant à plus de 1100 m d’altitude et se développant d’ouest en est sur près de 14 kms de long. La grotte de Sainte-Marie-Madeleine est devenue un lieu de pèlerinage chrétien réputé ; des Dominicains assurent actuellement, en plus de l’accueil à la grotte, la gestion de l’hôtellerie de la Sainte-Baume.
Revenons à notre histoire (source http://www.morial.fr).
Combien de fois ai-je souhaité pouvoir rendre hommage à celui qui, chaque fin de semaine, nous permet de voir plus loin, plus haut, depuis les épaules des géants…
Sur les épaules de Darwin, sur les épaules des géants. Se tenir sur les épaules des géants et voir plus loin, voir dans l’invisible, à travers l’espace et à travers le temps… Par ces mots commençait l’émission de samedi dernier. Combien de fois, me suis-je laissé captiver par cette voix si particulière qui aborde tant de sujets tous plus passionnants les uns que les autres, avec un simplicité et une poésie admirables. Oui, comment résister ? Mais quel rendez-vous exquis ! Alors quand ce samedi 16 mai, à 11h00, Jean Claude Ameisen – car c’est bien sûr de lui qu’il s’agit – nous a parlé du langage qui a commencé à voyager en silence, à travers l’espace et à travers le temps, puis qui a évoqué la Mésopotamie, le souverain Enmerkar, les caractères cunéiformes, l’immense Jean BOTTERO… Un domaine qui me passionne depuis si longtemps (celles et ceux qui me connaissent le savent bien). Ô temps suspends ton vol…
Ci-dessous figurent deux liens vers les deux épisodes de cette épopée intitulée « La Quête de la Vie-sans-fin » (du 9 puis du 16 mai). Plus bas vous trouverez une transcription des premiers mots de cette extraordinaire émission. Et tout à la fin, la bibliographie figurant sur la page de l’émission.
La quête de la vie-sans-fin (1), diffusée le 9 mai 2015 :
Sur les épaules de Darwin, sur les épaules des géants. Se tenir sur les épaules des géants et voir plus loin, voir dans l’invisible, à travers l’espace et à travers le temps. Pouvoir s’évader du présent et voyager à travers le temps, plonger notre regard dans le passé, et remonter le temps à contre-courant. Tenter de partager ce qu’il y a pu avoir, à la fois d’unique et d’universel, dans chacun de ceux qui nous ont précédés. S’ouvrir au monde et aux autres, ressentir que nous sommes faits de l’empreinte de ce qui a disparu, de celles et de ceux qui ont disparu, que nous sommes faits d’absences, de la présence de l’absence de ce qui demeure en nous de tout ceux qui nous ont précédés.
Je veux savoir – dit Borgès – Je veux savoir à qui est mon passé. Je suis tous ceux qui ne sont plus. Je suis dans la soirée, ces gens perdus. Aller à la rencontre de notre passé, tenter de faire ressurgir à la lumière une part de ce qu’ont vécu tous ceux qui ne sont plus, lire et plonger soudain dans des mondes invisibles, voyager immobiles, à travers l’espace et à travers le temps, partir, nous perdre, puis revenir, renaître, plus riches de ce que nous avons vécu. Lire.
Il fut un temps où tout récit était un chant. Il n’y avait pas d’histoires, pas de poèmes, pas d’épopées, pas d’enseignements, pas de recherches qui ne soient incarnés dans la musique d’une voix, tout langage était oral. Plus tard, quand les images puis les mots ont commencé à s’inscrire dans la pierre, dans l’argile, le papyrus puis le parchemin, les récits n’eurent plus besoin de voix.
Les récits avaient acquis le pouvoir de traverser le temps en silence et d’attendre qu’un regard les éveille. L’écriture a donné au langage un pouvoir nouveau. Une capacité à persister, à être préservée sous forme de traces, sur un support matériel durable et transportable. Alors, le langage a commencé à voyager en silence, à travers l’espace et à travers le temps.
L’écriture et la lecture ont permis de voir, d’entendre, de découvrir une autre personne, en l’absence de cette personne qui peut être très loin de nous, ou avoir disparu depuis très longtemps. (…)
L’Epopée de Gilgamesh : le grand homme qui ne voulait pas mourir de Jean Bottéro éditeur : Editions Gallimard parution : 1992
L’Arche avant Noé de Irving Finkel éditeur : J.C Lattès parution : 2015
Mésopotamie: L’écriture, la raison et les dieux de Jean Bottéro éditeur : Folio Histoire parution : 1997
Lorsque les dieux faisaient l’homme. Mythologie mésopotamienne. de Jean Bottéro éditeur : Editions Gallimard parution : 1989
Le voyageur et la tour de Alberto Manguel éditeur : Actes sud parution : 2013
Gilgamesh. La quête de l’immortalité de Stephen Mitchell éditeur : Synchronique Editions parution : 2013
La proximité de la mer, une anthologie de 99 poèmes de Jorge Luis Borges éditeur : Editions Gallimard parution : 2011
Skin divers de Anne Michaels éditeur : Bloomsbury Publishing parution : 1999
Source : La quête de la vie-sans-fin / France Inter
Très bel article dans le dernier Libé week-End (2-3 mai) sur les caves des Hospices civils de Strasbourg. Outre le plus vieux vin (blanc) du monde datant de 1472, l’Histoire semble accompagner chaque litre reposant dans cette cave extraordinaire.
En matière de vins, nous connaissions les Hospices de Beaune, construites de 1443 à 1457, ou plus précisément, leur cave (qui ne se souvient pas de cette scène en ces lieux, dans la « Grande Vadrouille » ? :o) Là-bas, c’est le Bourgogne qui est à l’honneur. « Une ancienne cave à vin voûtée médiévale de plus de 300 mètres est construite sous les Hospices de Beaune. La réserve particulière de vin des Hospices y est conservée. Cette cave est ouverte à la visite publique uniquement durant la vente des hospices de Beaune », précise Wikipédia. (suite…)
Il s’agit de la deuxième partie d’une grande fresque, d’inspiration tolstoïenne, commencée en 1952 avec « Pour une Juste Cause ». « Vie et Destin » sera achevé en 1962.
Ce dytique débute avec « Pour une Juste Cause » au cours de l’été 1942 chez les Chapochnikov dans leur maison de Stalingrad. Il se termine, dans « Vie et Destin », avec une dernière réunion de la famille Chapochnikov, en avril 1943, dans un Stalingrad en ruines. (suite…)
Il y a cent ans – les célébrations de cet anniversaire furent récemment à la hauteur de ce terrible événement – éclatait celle que l’on allait appeler la Grande Guerre. Dans les premiers jours, environ trois millions cinq cent mille Français furent mobilisés. Parmi eux, un modeste potier de Vallauris, dans les Alpes-Maritimes, émigré piémontais comme son épouse, qui partira vers cette guerre ; mais avant, il eut le bonheur de vivre la naissance de son enfant, un garçon qui fut prénommé Jean. Son père ne revint que cinq ans plus tard de captivité.
Jean donna entière satisfaction à ses parents, il se montra même précoce à bien des égards. Au séminaire dominicain de Nice où il entra à l’âge de onze ans, il découvrit le latin et le grec et se révéla très studieux en général ; le séminaire lui offrit une solide éducation. Après son bac, Jean choisit d’entrer dans les Ordres. Noviciat en 1931 à Biarritz, prise d’habit en 1932 au prieuré de Saint-Maximin.
Ce soir-là, Bernard de Clairvaux flânait dans les allées de l’Abbaye qui portait son nom et dont il était si fier. Il avait soixante-deux ans et ressentait de plus en plus le poids des années. Une douce température flottait dans cette soirée de septembre 1152.
Malgré un matin intensément pluvieux, nous décidâmes de nous diriger vers cette belle ville d’Arles et plus particulièrement, son centre historique. Le soleil ayant vaincu l’élément liquide, c’est finalement sous une belle lumière que nous nous lançâmes dans cette découverte. (suite…)
Le Panthéon… Les images et sentiments intenses ressentis au plus profond de mon être, lors de la visite de ce monument bien particulier, il y a quelques temps, ne se sont pas estompées. Car ce lieu, prévu à l’origine au XVIIIe siècle pour être une église, est à bien des égards lieu de mémoire. Une mémoire de notre Histoire, de celles et ceux qui s’illustrèrent par le passé – au péril de leur vie pour certains – pour la grandeur de notre Pays.
Ainsi, lorsque j’ai appris la nouvelle, j’en fus réellement ému. Je veux parler de ce communiqué de presse intitulé « Héros et héroïnes au Panthéon pour incarner l’esprit de résistance ». A ce sujet, sur le blog du député Vincent FELTESSE nous pouvons lire ces mots :
En rendant hommage aux vingt-deux fusillés du Mont Valérien et en annonçant la panthéonisation, le 27 mai 2015, des résistant-e-s Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay, le président de la République a voulu célébrer aujourd’hui l’esprit de la Résistance et le collectif qui l’incarnait dans sa diversité.
Voici les quatre Grand-e-s qui rejoindront ce 27 mai 2015 le Panthéon :
Le président de la République, François Hollande, a prononcé au Mont-Valérien un discours en hommage à la Résistance. Il a annoncé l’entrée au Panthéon de Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay :
Germaine Tillion, née le 30 mai 1907 à Allègre et morte le 19 avril 2008 à Saint-Mandé, est une ethnologue et une résistante française. Germaine Tillion suit une formation d’ethnologue auprès de Marcel Mauss et Louis Massignon. Licenciée en lettres, elle est diplômée de l’École pratique des hautes études, de l’École du Louvre, et de l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO). Entre 1934 et 1940, dans le cadre de sa thèse, elle réalise quatre séjours en Algérie pour étudier l’ethnie berbère des Chaouis présente dans l’Aurès.
Geneviève Germaine Marie Agnès de Gaulle, née le 25 octobre 1920 à Saint-Jean-de-Valériscle (Gard) et décédée le 14 février 2002 à Paris, est une résistante française, déportée en 1944, militante des droits de l’homme et présidente d’ATD Quart Monde de 1964 à 1998. Elle est une nièce de Charles de Gaulle. Résistante dès juin 1940 dans le Groupe du Musée de l’Homme, Geneviève de Gaulle multiplie les actions de renseignement et d’information, notamment au sein du réseau Défense de la France. Arrêtée par Pierre Bonny de la gestapo française, le 20 juillet 1943 et emprisonnée à Fresnes, elle est déportée au camp de concentration de Ravensbrück le 2 février 1944. Au camp, elle rencontre et se lie d’amitié avec quatre autres résistantes : Jacqueline Péry d’Alincourt, Suzanne Hiltermann, Anise Postel-Vinay et Germaine Tillion. En octobre 1944, elle est placée en isolement au « bunker » du camp. Cette décision est prise par Himmler afin de la garder en vie et de l’utiliser comme monnaie d’échange.
Pierre Brossolette (Paris, 25 juin 1903 — Paris, 22 mars 1944), est un journaliste et homme politique socialiste français. Il fut un des principaux dirigeants et héros de la Résistance française.Au début de la Seconde Guerre mondiale, il rejoint l’armée avec le grade de lieutenant, est promu capitaine avant la défaite de la France et est décoré avec la première Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de Bronze, le 11 juillet 1940, en raison de son attitude au cours de la retraite de son unité. Hostile au régime de Vichy, il rejoint le Groupe du musée de l’Homme.
Jean Zay est un avocat et une personnalité politique française de la IIIe République né à Orléans (Loiret) le 6 août 19041 et mort assassiné par des miliciens à Molles (Allier) le 20 juin 1944. Au cours de sa vie, Jean Zay assure les fonctions de conseiller général, député du Loiret, sous-secrétaire d’État à la présidence du conseil et ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts. Au début de la Seconde Guerre mondiale, Jean Zay démissionne le 2 septembre 1939, pour rejoindre l’armée française et suivre le sort de sa classe d’âge. Son courage et son dévouement, au sein de la IVe armée, sont attestés par ses chefs militaires : « volontaire pour les missions les plus périlleuses et les plus délicates »…
Lorsque je me suis rendu à l’Eden Théâtre, ce dimanche 9 février, je savais que j’allais voir un film documentaire de Malik Bendjelloul proposé par l’Association Art et Essai Lumière. Mais j’étais à mille lieues d’imaginer le choc que j’allais ressentir. Car ce fut véritablement le cas. Une telle émotion ! Quel film ! Passionnant de bout en bout, émouvant mais surtout déconcertant. Réellement. Il faut le voir pour le croire !
Nous faisons connaissance avec un musicien de rock & folk des années 70 aux Etats-Unis. Sixto Rodriguez – retenez ce nom – a enregistré deux albums sous le label Motown. Malheureusement, il ne perce pas. Ses disques sont ignorés. C’est un échec. Terrible. On dit qu’il se serait suicidé sur scène (en s’immolant ou en se tirant une balle dans la tête, selon les versions). Aux Etats-Unis, quasiment personne n’a entendu parler de Sugar Man / Sixto Rodriguez.
Un beau jour, une touriste américaine part voyager en Afrique du Sud, à une époque ou l’Apartheid était à son apogée. Dans ses bagages, elle avait une copie du premier disque de Sugar Man. De fil en aiguilles, ce disque fait le tour de beaucoup de monde, se diffusant comme une traînée de poudre. Au point que quelques mois, quelques années après, Sugar Man est devenu une immense vedette en Afrique du Sud. Ses disques battent des records de vente. Sa musique devient même un symbole de la lutte contre l’Apartheid. Toujours inconnu aux Etats-Unis, devenu une immense vedette en Afrique du Sud… Incroyable. Plus de vingt ans après, en 1997, deux fans du Cap dont Stephen « Sugar » Segerman essayent d’en savoir plus sur cet énigmatique Sugar Man. Ils se lancent dans cette quête espérant apprendre qui était ce chanteur, où il vivait, comment il a disparu. Une enquête qui réservera bien des surprises.
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Avertissement : Chère lectrice, cher lecteur, si vous n’avez pas encore vu ce film diffusé dans les réseaux Art et Essai, ne lisez pas la suite. Trop de choses y sont dévoilées qui vous gâcheraient votre perception du film lorsque vous le verrez… —————————————————————–
Il n’y a pas un 19 décembre ou un 21 juin qui puisse passer sans que le souvenir de ce moment unique ne me revienne en mémoire. Je parle bien sûr du grand, du puissant, du terrible discours qu’André MALRAUX prononça ce 19 décembre 1964 devant le Panthéon, célébrant l’entrée de Jean MOULIN en ces lieux que la Patrie reconnaissante dédie aux Grands Hommes. Jean MOULIN, trahi, fut arrêté à Caluire, ce funeste jour du 21 juin 1943, avant d’être conduit au siège de la Gestapo. Il trouvera la mort en gare de Metz, dans le train qui le transportait en Allemagne, le 8 juillet 1943.
« (…) Aujourd’hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n’avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France… »
Ce jour du 20 octobre est un jour particulier. Non point celui de la naissance de quelqu’un d’illustre ni même celui d’une bataille célèbre (combien de ces dates devions-nous apprendre par cœur, jadis), mais le jour anniversaire de mon entrée dans la grande famille (disions-nous antan) de l’Education nationale.
L’an dernier l’émotion était déjà au rendez-vous à l’évocation de ce moment particulier. Mais cette année ça tombe juste ! Trente petites années après… Un petit regard derrière moi s’impose.
Ce 20 octobre 1983, j’avais pris le train très tôt le matin à la gare de Molsheim (le permis de conduire n’était pas encore d’actualité). Il faisait encore nuit. Sélestat, tout le monde descend ! Je pris la direction sud-ouest et sortais de la gare SNCF. Je rejoignis l’avenue de la Gare (évidemment) durant 150 mètres avant de prendre à droite durant 87 mètres. Il faisait froid ; la nuit était toujours là. Je tournais alors légèrement à gauche sur la D1059, une trentaine de mètres plus loin, avant d’aborder les prochains 600 mètres de la Départementale 1083. J’arrivais alors, quelques instants plus tard, rue Schwilgué ; je marchais 130 mètres avant d’arriver rue Aristide Briand dont je parcourus 64 mètres. Les premières lueurs du jour commençaient à paraître. Je pris alors à gauche et, 78 mètres plus tard, j’arrivais à l’adresse de destination : « 1 rue Froehlich – 67604 Sélestat », devant l’imposante bâtisse de l’Ecole normale d’instituteurs !
Quelques futurs collègues étaient déjà là. Nous nous connaissions déjà, pour la plupart : les trois sessions du concours d’admission n’étaient pas si loin et toutes les épreuves avaient créé des liens. L’accueil fut sympathique. Quel endroit ! Moment officiel : l’accueil de la directrice, Mme Marie MAES (dont je me souviens encore assez bien). Après un moment à dominante administrative, en avant pour la présentation des salles de cours, de la salle de sciences, de la salle de musique, du réfectoire, de l’école d’application qui jouxtait l’Ecole normale, bref : une journée fort chargée. Le moment de rentrer était déjà là. Nous avions fait connaissance avec cette École où nous allions passer trois ans. Je serais heureux de revoir cet imposant bâtiment qui avait cessé d’être « École normale d’instituteurs » depuis longtemps. Lors d’un prochain séjour en Alsace, sans doute.
Je rentrais comme j’étais arrivé : en train, dans le froid et sous un ciel quasi nocturne. Je n’avais pas vingt ans. Quelques mois auparavant je passais mon bac. Il y avait à présent ces doutes, cette inquiétude, cette inconscience aussi ; ainsi se matérialisait la transition entre la fin d’une confortable adolescence et le début d’une vie professionnelle. Nous étions alors devenus « élèves-instituteurs ».