Paradise Sorouri est Afghane. Elle est surtout l’une des premières rappeuses afghanes ! Du rap au pays des talibans ? N’y aurait-il pas là comme un léger décalage ?…
La jeune femme est née en Iran, à Ispahan, où s’était exilée sa famille. Aux alentours de 2000, ils rentrent en Afghanistan, à Herat, dans l’ouest du pays. Paradise croisa Ahmed, un jeune doué pour la chanson rentré d’exil iranien comme elle. Ils font connaissance, tombent amoureux et forment un duo. Ahmed devient alors Diverse. « Paradise et Diverse », ça sonne mieux !
La tension commençait alors à monter dans le quartier. Ca jasait… Des agressions ont même eu lieu. Changement de pays. Cap vers le Tajikistan, à Douchanbé, où les moeurs étaient tout de même plus libres qu’en Iran ou en Afghanistan. Quelques années plus tard, ils retournent en Afghanistan. Mais cette fois à Kaboul, la capitale.
Paradise composera l’une de ses chansons les plus fortes en décrivant le destin tragique de deux de ses cousines condamnées à épouser des vieillards. Elles s’immolent par le feu. L’une meurt, l’autre survit, grièvement brûlée. Intitulé Nalestan (Le pays de la douleur) ce rap dit :
« J’ai voulu courir mais ils m’ont frappé le dos / J’ai voulu penser mais ils m’ont frappé la tête / Ils ont brûlé mon visage au nom de l’islam / J’ai été déshonorée par vengeance / J’ai été aspergée d’acide sur tout le corps / J’ai été vendue comme une morte sans âme / Je voulais parler mais on m’a arrêtée parce que je suis une femme. »
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=7-Cb36ybhEI[/youtube]
En janvier, Paradise et Diverse ont chanté à Kaboul. Le premier spectacle s’est bien passé. Mais dès le suivant, la situation a vite dégénéré. Insultes, menaces, haine. Paradise a tenu bon, tant bien que mal, mais n’a pu interpréter ses autres chansons tant la tension était vive.
Depuis la vie suit son cours. Difficilement on s’en doute. Paradise craint particulièrement l’intolérance des islamistes mais aussi celle des Afghans de la rue ; que dire des talibans, qui pourraient revenir dans la région dès les forces occidentales parties… Paradise prendra la décision de rester en fonction de la situation.
Quelle personnalité !
Comme il est écrit dans la conclusion de l’article du Huffington Post qui lui est consacré :
« Paradise a déjà réussi l’un de ses plus grands défis. A 29 ans, sa musique et ses paroles sont des symboles culturels de rébellion sociale et des signes réfractaires aux pensées conventionnelles afghanes.
Un petit pas pour Paradise, un grand pas pour l’Afghanistan. »
Elle s’appelle Paradise Sorouri. Souvenons-nous de ce nom…
Post Scriptum :
Samedi dernier, on votait en Afghanistan à l’occasion d’une élection présidentielle afin de désigner parmi huit candidats le successeur du président actuel, Hamid Karzaï. Malgré la menace des talibans, la participation dépasserait les 50 % (un score supérieur à celle de la précédente élection en 2009 (30 %). Le résultat de ce premier tour sera connu demain jeudi 24 avril 2014.
Le scrutin de 2009 fut endeuillé par les attentats des talibans et entaché de fraudes massives. Malgré tous les risques et toutes les menaces terroristes, le peuple afghan a résisté en 2014. Environ sept millions d’Afghans se sont rendus aux urnes le 5 avril sans incident majeur malgré les attaques des talibans, sur un électorat estimé à 13,5 millions de personnes. Le titre de Libération du 7 avril est éloquent :
« Une présidentielle imparfaite mais « moins frauduleuse » qu’en 2009 ».
Liens :
Carte Afghanistan (et environs) :
Article – Le Devoir (journal Québécois) :
Article – Le Huffington Post (Maghreb) :
http://www.huffpostmaghreb.com/2014/04/21/paradise-chanteuse-afghan_n_5184885.html
Article – France 24 :
http://observers.france24.com/fr/content/20131125-paradise-rappeuse-afghane-menaces-vont-pas-arreter
Information – Wikipédia (L’Afghanistan) :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Afghanistan
Information – tempsreel.nouvelobs.com (Les rappeurs d’ici…) :
Information – Libération (Elections en Afghanistan) :
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