Une forêt et la mer

En ce début du mois d’avril, alors que le soleil se montre de plus en plus actif et qu’il n’y a pas encore trop de monde par ici, quel plaisir de randonner.

Entre Bandol et Port d’Alon, le Chemin du Littoral nous réservait ses plus beaux atours. Parfait itinéraire pour une balade de reprise. Ce sentier menait jusqu’à cette longue plage. Premiers pieds dans l’eau, déjà si délicieusement supportable…

Ah, le printemps ! Celui que l’on ne prend jamais le temps de voir passer. Et pourtant ! Que peut-il y avoir de plus beau que ce réveil progressif d’une nature toujours surprenante. Ces petites feuilles, ces nouvelles branches, ces premières fleurs, quelles couleurs !

Et ces parfums ! Cà et là, après un buisson, dépassant un groupe de fleurs, ou sans motif précis, soudain, à nos narines, parviennent des exhalaisons subtiles et délicates. Ô temps suspends ton vol… Lamartine n’est jamais loin. Le même qui dans Milly ou la terre natale écrivait ces vers magnifiques : « Objets inanimés, avez-vous donc une âme. Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? »…

Pourquoi cette communication des âmes n’aurait-elle pas lieu ? Nous nous attachons si facilement à ces beautés éphémères, ces endroits aux saveurs familières, cette lumière aux éclats surprenants, cette chaleur qui enveloppe les corps vers un exquis bien-être. Fleurs, pierres, arbres, sable, feuilles, buissons, cailloux : elles sont si belles, vos âmes !

Et nous croisâmes une île mystérieuse :

ilemysterieuse

Puis, peu après, s’ouvrit devant nous une forêt enchantée, bercée de cette douce lumière de la presque fin du jour :

foretenchantee

Vision onirique. Branches entrelacées. Enchevêtrements organisés.

Une forêt et la mer, qu’espérer de mieux ? Espérons surtout retrouver bientôt ces tableaux aux formes et couleurs enchanteresses, ces parfums multiples aux accents étonnants… Comme l’écrivait Charles Baudelaire dans les Fleurs du Mal :

« Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme des hautbois, verts comme des prairies,
– Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens. »

Nous marchions, dégustant chaque instant, chaque image, chaque sensation, vivant pleinement l’instant présent – ici et maintenant ; ressentant parfois l’âme des objets inanimés ou plus furtivement les transports de l’esprit et des sens.

Sublime constellation de bonheurs multiples.

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